En Equateur, la meurtrière guerre des gangs dans les prisons continue

GLOBE ÉCHOS | 30/09/21 01:13

Malgré les engagements des autorités, la violence entre gangs rivaux dans les prisons de l'Equateur perdure, avec une nouvelle tuerie et son lot de décapitations.

Le dernier épisode de ce feuilleton meurtrier a eu lieu mardi dans le vaste complexe carcéral de Guayas, à Guayaquil, ville portuaire et carrefour commercial du sud-ouest du pays.

Au total, "30 PPL (personnes privées de liberté) sont mortes et 47 ont été blessées", selon le dernier bilan mercredi du commandant de la police de Guayaquil, le général Fausto Buenano, qui a dirigé les opérations pour reprendre le contrôle des bâtiments.

Selon lui, l'intervention des forces de sécurité a "évité que cela soit pire".

Les services pénitentiaires (SNAI) avaient auparavant "déclenché l'alerte (...) en raison de coups de feu et d'explosions dans plusieurs quartiers (de la prison), à la suite d'affrontements entre bandes criminelles".

Selon le général Buenano, les victimes portaient des "impacts de projectiles d'armes à feu et d'éclats de grenades". "Six des prisonniers morts ont été décapités", a précisé le bureau du procureur.

Des armes et des explosifs entrent illicitement dans les complexes pénitenciers en Equateur. La police a saisi récemment à Guayas deux pistolets, un revolver, environ 500 munitions de différents calibres, des armes blanches, une grenade, des bâtons de dynamite et d'autres engins explosifs improvisés...

Jusque-là, le nombre de détenus qui se sont entretués derrière les barreaux en Equateur depuis le début de l'année s'élevait à 123, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) s'appuyant sur les chiffres officiels équatoriens.

- Cartels mexicains -

La police a annoncé être de nouveau prête à intervenir "en raison d'une alerte sur de possibles nouveaux affrontements" dans la même prison, dont l'extérieur est bouclé par des militaires.

Le SNAI a annoncé mercredi suspendre pendant 48 heures les activités administratives "non prioritaires" dans tout le complexe.

Sur son compte Twitter, le président équatorien Guillermo Lasso a relayé les annonces des autorités assurant que "l'ordre est revenu au pénitencier après les incidents".

Mais cette nouvelle émeute vient rappeler que la "crise carcérale" perdure en Equateur, conséquence des rivalités meurtrières entre gangs de narcotrafiquants liés aux redoutables cartels mexicains de Sinaloa et Jalisco Nueva Generacion, expliquent les experts.

Deux des gangs qui soutiennent ces cartels mexicains comptent environ 20.000 membres dans le pays, estime la police.

La violence est devenue quasi-permanente dans les prisons du pays de 17,7 millions d'habitants, situé entre la Colombie et le Pérou, les principaux producteurs mondiaux de cocaïne, et utilisé comme zone de transit pour l'expédition vers les Etats-Unis et l'Europe.

"Quelque 3,5 milliards de dollars par an sont blanchis en Equateur", où "les institutions publiques sont gangrénées par la corruption", rappelle à l'AFP Fernando Carrion, expert en sécurité.

Près de 116 tonnes de drogues, principalement de la cocaïne, ont été saisies entre janvier et août 2021, contre un record de 128 tonnes pour toute l'année 2020.

"Il y a une crise carcérale depuis 2010, avec une moyenne de 25 homicides par an, mais elle s'est considérablement accélérée depuis 2017 jusqu'au pic de cette année", estime M. Carrion.

Un tiers des détenus "proviennent d'organisations criminelles liées au trafic international de drogue", précise cet expert.

En février, des émeutes simultanées dans quatre centres de détention avaient fait 79 morts. Là aussi, plusieurs victimes avaient été décapitées. En juillet, 27 détenus avaient été tués dans des violences similaires.

Mi-septembre, l'un des bâtiments du pénitencier de Guayas avait été la cible d'une attaque de drones chargés d'explosifs depuis l'extérieur de l'établissement, qui n'avait pas fait de victime mais illustrait la "guerre entre cartels internationaux", selon les autorités.

Le système pénitentiaire équatorien compte près de 65 prisons et quelque 39.000 détenus, pour une capacité d'environ 30.000 places, soit une surpopulation de 30%.

Après les émeutes de juillet, le gouvernement avait remplacé des responsables de ces prisons et déclaré l'urgence dans le système carcéral.

 

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