Un militant biélorusse retrouvé pendu : Minsk suspect ?

GLOBE ÉCHOS | 04/08/21 15:12

Vitali Chycov, directeur d'une ONG aidant des opposants au régime biélorusse d’Alexandre Loukachenko, a été retrouvé pendu mardi 3 août en Ukraine. La police ukrainienne a ouvert une enquête pour « meurtre ». L'organisation du militant dénonce un assassinat orchestré par Minsk, capitale de la Biélorussie.

 

Répression des opposants au régime biélorusse 

Le directeur de l'ONG « Maison biélorusse en Ukraine » (BDU), Vitali Chycov, a été retrouvé pendu mardi 3 août « dans l'un des parcs de Kiev, à proximité du lieu où il habitait », ont indiqué les enquêteurs ukrainiens dans un communiqué de presse. Ils étudient la piste d’un « meurtre camouflé en suicide » du militant qui venait en aide aux opposants du régime biélorusse. Le jeune homme, âgé de 26 ans, était parti faire son jogging à Kiev lundi matin, mais il n’est jamais revenu.

 

Les Nations Unies ont appelé les autorités ukrainiennes à mener une enquête « rigoureuse » et « impartiale ». Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a jugé que les menaces envers la société civile biélorusse devaient cesser mais a également souligné qu’il n’établissait pas de lien direct entre la mort de Vitali Chycov et la répression des dissidents par le régime du président biélorusse Alexandre Loukachenko.

 

La BDU dénonce que cet acte fait partie d’une opération des autorités biélorusses visant à « liquider » une personne « dangereuse pour le régime » du président Alexandre Loukachenko. « Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une opération planifiée des tchékistes », a affirmé l’organisation venant en aide aux Biélorusses s’exilant en Ukraine pour échapper à la répression dans leur pays. « Vitali était surveillé et la police en avait été notifiée. Nous avions été avertis à plusieurs reprises à la fois par des sources locales et par des personnes en Biélorussie de toutes sortes de provocations allant jusqu’à l’enlèvement et à la liquidation », explique la BDU. 

 

Un régime accusateur et accusé 

L’affaire Chycov intervient quelques jours après un incident aux JO de Tokyo 2020 avec la sprinteuse biélorusse Krystsina Tsimanouskaya. Elle a été contrainte à se retirer de la compétition et menacée d’un rapatriement forcé pour avoir critiqué sa fédération sur les réseaux sociaux. Craignant d’être incarcérée dans son pays, l’athlète de 24 ans s’est réfugiée à l’ambassade de Pologne où elle a obtenu un visa humanitaire. Le Comité international olympique (CIO) a lancé une enquête sur l'affaire.

 

Le régime biélorusse est également accusé d’avoir détourné en mai dernier un vol commercial en prétextant une alerte à la bombe afin d’arrêter Roman Protassevitch à bord. Le président Loukachenko avait envoyé un avion de chasse pour intercepter le vol de Ryanair. Fin juin, Roman Protassevitch a été transféré de sa prison en résidence surveillée. 

 

Une troisième affaire contre le régime est en cours. Le procès de Maria Kolesnikova, une des trois grandes figures de la contestation en Biélorussie commence mercredi 4 août. Elle est poursuivie pour « complot visant à s’emparer du pouvoir ». Selon elle, les forces de sécurité biélorusses l’ont enlevée en septembre dernier pour l’exiler en Ukraine. Mais ayant résisté, elle a finalement été arrêtée, incarcérée et inculpée.

 

Par Aurélie Billecard, pour Globe Échos

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