Régler ses dettes, un casse-tête pour Cuba en pleine pandémie
GLOBE ÉCHOS | 04/05/21 19:11
Affaibli par le durcissement de l'embargo américain et l'absence de touristes avec la pandémie, Cuba a cessé de rembourser ses créanciers internationaux, mais ces derniers espèrent négocier un retour sur les rails dans les prochains mois.
Concernant l'argent dû à 14 pays dont la France, l'Espagne et le Japon, le Club de Paris - l'instance qui gère les discussions - compte négocier entre mai et juin un nouveau calendrier de paiements après un moratoire d'un an accordé en 2020, a indiqué à l'AFP une source diplomatique.
Quant à la dette aux créanciers privés, gérée par le Club de Londres, le fond d'investissement CRF I Ltd, qui en détient la plus grosse part (1,2 milliard d'euros, soit 1,5 md USD), vient de faire une offre de restructuration avec décote de 60% au président Miguel Diaz-Canel, dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie.
Lors du récent congrès du Parti communiste marquant son départ en retraite, Raul Castro a assuré que le pays voulait "recommencer à respecter (ses) engagements financiers internationaux quand commencera à se redresser l'économie".
Mais "il y a des facteurs exogènes qui pèsent actuellement sur la balance des paiements cubaine : la pandémie et les sanctions américaines", commente Pavel Vidal, économiste à l'université Javeriana de Cali (Colombie).
Pour Cuba, "la situation est encore plus compliquée" qu'en 2020, renchérit l'économiste Omar Everleny Pérez, du Centre chrétien de réflexion et dialogue.
Donc "avec quoi va-t-on payer?" poursuit-il. "C'est vrai qu'il y a une volonté de payer, mais d'un autre côté, c'est vrai que les gens n'ont pas à manger".
- Appel à la clémence -
Le Produit intérieur brut (PIB) a chuté de 11% en 2020 et les importations, qui couvrent 80% des besoins, sont au plus bas depuis 2009, aggravant les pénuries. "On ne peux pas demander un effort supplémentaire à un pays noyé par la pandémie", estime M. Pérez.
C'est justement un appel à la clémence qu'a lancé le président Diaz-Canel lors du récent sommet ibéro-américain.
"Les pays en développement portent le fardeau insupportable d'une dette extérieure, déjà mille fois payée, et certains subissent en outre l'impact de mesures coercitives unilatérales", a-t-il déclaré en référence à l'embargo américain, appliqué depuis 1962.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement fait campagne, sur les réseaux sociaux et via des manifestations à Cuba et dans les pays de la diaspora cubaine, pour exiger la levée de l'embargo, renforcé sous Donald Trump.
La question de la dette des pays pauvres est revenue au premier plan avec la pandémie : le G20 a accordé à 74 pays un moratoire d'un an, récemment renouvelé pour six mois.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) se veulent au chevet des pays fragilisés mais Cuba n'est membre d'aucune des deux instances et se retrouve en première ligne face aux créanciers.
- "Retour en douceur" -
L'accord avec le Club de Paris en 2015 avait effacé 8,5 sur 11,1 milliards de dollars dus, le reste étant converti en projets d'investissement ou échelonné jusqu'en 2033 (Cuba devait rembourser 85 millions en 2020).
De quoi achever de remettre l'île, en défaut de paiement depuis 1986, sur le droit chemin après les effacements de dette par la Chine en 2011 (6 mds USD), le Mexique en 2013 (487 millions) et la Russie en 2014 (35 mds).
Le pays est toutefois en défaut de paiement avec le Brésil depuis 2018 et doit à l'Argentine 2,7 milliards, une dette remontant aux années 1970.
Pour John Kavulich, président du Conseil économique cubano-américain, "désormais, un autre rééchelonnement (de la dette du Club de Paris) sera nécessaire, et les pays participants y sont préparés", car ils "ont peu de moyens de pression et Cuba le sait".
Quant à la dette commerciale, CRF I Ltd propose dans son courrier "un accord de règlement qui mettra fin aux coûts, à la mauvaise publicité et aux stigmates pesant sur Cuba, tout en facilitant un éventuel retour en douceur sur les marchés financiers internationaux".
Depuis onze ans, le fonds tente en vain de négocier un accord. Par le passé, ses offres sont restées lettre morte et son action en justice, lancée à Londres en 2020, est toujours en cours.
Globe Échos, avec l'Afp
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