Des milliers de manifestants pour l'emploi en France, malgré le virus

GLOBE ÉCHOS | 04/02/21 19:39

"Masqué.e mais pas muselé.e" : des milliers de manifestants, dont certains portant cette devise sur le masque, ont défilé jeudi en France, à l'appel de la CGT, de la FSU, de Solidaires et d'organisations de jeunesse, pour défendre l'emploi et les services publics, même en temps d'épidémie.

Etudiants, énergéticiens, enseignants, soignants, de nombreuses professions se sont retrouvées jeudi sur ce mot d'ordre, bravant un contexte sanitaire peu favorable aux mobilisations, de l'aveu même des syndicats. Des intermittents du spectacle étaient aussi présents pour réclamer une prolongation de "l'année blanche".

La manifestation parisienne, forte de 20.000 manifestants selon la CGT, 4.800 pour la préfecture de police, s'est ébranlée vers 14H30 de la place de la République en direction de celle de la Nation, derrière une banderole proclamant "emplois, salaires, temps de travail, retraites... relançons le social".

Elle est arrivée peu après 16H00 place de la Nation, après s'être déroulée dans le calme. Le service d'ordre syndical avait été étoffé, rassemblant 200 personnes, deux à trois fois plus que d'habitude pour une manifestation nationale selon la CGT.

- "Sommet de l'iceberg" -

"Il y a des salariés qui disent qu'ils ne viendront pas parce qu'il y a le contexte sanitaire. Ce n'est pas pour cela que la colère et les mobilisations ne sont pas à la hauteur", a déclaré à la presse le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, en tête du cortège.

"On est dans une dynamique qui peut paraître lente dans une période où tout est compliqué" mais la manifestation est "le sommet de l'iceberg en terme de colère sociale", a expliqué de son côté Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires.

Le mois de janvier a été ponctué de plusieurs mobilisations sectorielles, avec un certain succès selon les syndicats: professionnels de santé le 21, de l'Education nationale le 26, du secteur de l'énergie le 28.

Et dans leur communiqué commun, les organisateurs avaient annoncé dès lundi qu'ils se retrouveraient "la semaine prochaine pour donner des suites à ces mobilisations".

Au total, plus de 165 initiatives étaient prévues dans toute la France - rassemblements, manifestations, bureaux d'embauche. Dans les cortèges, beaucoup ont dénoncé des milliards d'aides publiques bénéficiant aux actionnaires et trop peu selon eux aux salariés et aux services publics.

"Toulouse, c'est une ville dans laquelle on expérimente grâce à l'aéronautique l'utilisation des milliards distribués par le gouvernement qui vont directement dans la poche des actionnaires pendant que l'emploi quitte le périmètre national. L'argent public doit bénéficier à l'emploi", a déclaré le secrétaire général de la CGT Haute-Garonne, Cédric Caubère. Plusieurs centaines de manifestants s'étaient rassemblés dans la Ville rose.

A Marseille, où 2.800 personnes selon la police ont manifesté jeudi, Grégory Fontaine, infirmier délégué à l'hôpital de la Timone, a expliqué que "les soignants sont épuisés. Ça fait un an que cette pandémie a commencé. Rien n'a été fait de vraiment sérieux pour renforcer les moyens de l'hôpital et même au contraire".

Rencontré à Bordeaux, où 850 personnes ont manifesté selon la police, Franck Dole, 54 ans, co-secrétaire CGT Education Gironde, a opposé "les milliards donnés au grand patronat, au Medef, aux grandes entreprises" aux "multitudes de licenciements".

A Nantes, 2.500 personnes ont manifesté selon la CGT, 1.700 selon la police, à Lyon 3.000 selon les organisateurs, 1.600 pour la police, à Saint-Etienne 1.200 personnes d'après la CGT, 460 selon la police, à Roanne 250 (200 selon la police).

A Rennes, 1.500 selon la CGT, 1.100 selon la police, ont défilé derrière une banderole "Pour l'emploi, les salariés et le progrès social".

Entre 400 et 500 personnes ont manifesté à Strasbourg selon la police et la CGT, plusieurs centaines à Lille.

- "Sanofric" -

La CGT et ses partenaires prônent une politique de "relocalisation industrielle", le partage du temps de travail, le "développement des services publics", l'interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiant d'aides publiques "surtout lorsqu'elles continuent à dégager des profits", a détaillé auprès de l'AFP Céline Verzeletti, dirigeante confédérale de la CGT.

Parmi les exemples les plus saillants de plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) récemment annoncés, celui de Sanofi, où 364 emplois doivent être supprimés au sein de l'entité Sanofi-Aventis Recherche et Développement, selon les syndicats.

Philippe Martinez s'est rendu jeudi matin devant le site du groupe à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) pour apporter son soutien aux salariés, arborant une blouse dénonçant "Sanofric". Un rassemblement a également été organisé devant le siège du groupe à Paris.

Globe Echos, Avec l'Afp

derniers tweets