La cathédrale Notre-Dame, lieu de rassemblement universel

GLOBE ÉCHOS | 16/04/19 16:03

La cathédrale Notre-Dame de Paris, défigurée par un incendie, n'est pas seulement un lieu sacré pour les chrétiens, c'est aussi devenu au fil des années une "paroisse de la Nation", un endroit de rassemblement universel et de recueillement lors de grandes catastrophes nationales.

- Lieu clé pour la Nation et la République

Si l'on remonte l'histoire, on s'aperçoit que Notre-Dame est un "lieu de rencontre entre la Nation et le religieux, entre le politique et le religieux", affirme à l'AFP Mathieu Lours, historien de l'architecture religieuse, spécialiste des cathédrales. "Le lien avec l'Etat est extrêmement important". "Cela remonte notamment à Philippe Le Bel et ses états généraux de 1302 : il accueille alors les représentants de la Nation (députés du clergé, de la noblesse et du tiers état) non pas dans son palais, mais à Notre-Dame".

"Cela continue avec Louis XIV: dès que le roi est vainqueur d'une bataille, il y a un Te Deum, une grande prière de louanges à Dieu, chantée à Notre Dame", explique-t-il. Par la suite, "quand il y une grande cérémonie de grands corps d'Etat, le parlement de Paris, par exemple, ou la Cour des comptes, c'est toujours dans la cathédrale. Ce sont des cérémonies qui sont religieuses tout en étant politiques". Notre-Dame est "la paroisse de la Nation", souligne-t-il. "Même les cérémonies déchristianisées de la Révolution (le culte de la raison) y sont célébrées."

"Ça perdure ensuite avec la République. Aujourd'hui si un président est catholique, c'est à Notre-Dame qu'on lui rend hommage", relève-t-il.

Jean-Louis Schlegel, sociologue des religions, renchérit: "Il y a eu des messes pour la mort des présidents Charles de Gaulle, Georges Pompidou, et même François Mitterrand". Et "c'est là que le général De Gaulle a célébré la Libération de Paris, c'est là que Napoléon s'est fait sacrer".

- Lieu œcuménique et de recueillement

Notre-Dame "est un lieu dans lequel on peut se retrouver quelles que soient les différences religieuses", souligne M. Lours. Tous les représentants des cultes y sont invités, lui donnant une dimension "œcuménique".

En outre, "pour les événements tragiques, les attentats ou les grandes tragédies, il y a eu des messes à Notre-Dame, qui semble un lieu de réconciliation pour les catholiques, mais aussi les autres cultes et les non croyants. On peut s'y retrouver", selon M. Schlegel.

Cela a été le cas lors de l'hommage au père Jacques Hamel égorgé dans son église en Seine-Maritime en 2016.

On sonne le glas à Notre-Dame "quand la France vit quelque chose d'important", relevait récemment Mgr Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale. Le bourdon a ainsi retenti après les attentats de Charlie Hebdo en 2015 ou encore en 2018, lors du passage du cortège funéraire du colonel Arnaud Beltrame, tué lors de l'attentat de Trèbes, se rendant du Panthéon aux Invalides.

- Lieu de révolutions artistiques -

Moins connues, mais pour autant "fondamentales", trois "révolutions ont eu lieu à Notre-Dame de Paris", raconte à l'AFP Olivier Bobineau, sociologue des religions. "La première, autour de 1200, est esthétique : le gothique rayonnant est inventé à Notre-Dame avec ses rosaces, uniques dans l'histoire dans la mesure où elles sont la première application de grande ampleur du pigment +bleu azur+ obtenu de la pierre azurite, qui vient d'être découverte au Moyen-Orient. Combiné au rouge, ce bleu donne ce violet unique des rosaces et vitraux. Il sera adopté pour symboliser Marie, puis deviendra dans la foulée la couleur des rois de France", explique-t-il.

"Troisième révolution : c'est à Notre-Dame que naît l’Université. Les premiers cours ont lieu dans le couvent de l'édifice; en 1258, le chanoine de la cathédrale, un certain Robert de Sorbon, trouve un autre lieu pour enseigner hors des murs et pour accueillir des étudiants pauvres et les former à la théologie, la grammaire et la musique. Il fonde La Sorbonne, à côté de Notre-Dame de Paris".

Moins connues, mais pour autant "fondamentales", trois "révolutions ont eu lieu à Notre-Dame de Paris", raconte à l'AFP Olivier Bobineau, sociologue des religions. "La première, autour de 1200, est esthétique : le gothique rayonnant est inventé à Notre-Dame avec ses rosaces, uniques dans l'histoire dans la mesure où elles sont la première application de grande ampleur du pigment +bleu azur+ obtenu de la pierre azurite, qui vient d'être découverte au Moyen-Orient. Combiné au rouge, ce bleu donne ce violet unique des rosaces et vitraux. Il sera adopté pour symboliser Marie, puis deviendra dans la foulée la couleur des rois de France", explique-t-il.

"C'est aussi la révolution de la musique en 1200. Depuis six siècles domine le chant grégorien. A l'école musicale de la cathédrale de Paris, deux génies, Léonin, maître de musique de la cathédrale, et son disciple Pérotin le Grand, inventent la polyphonie : plusieurs voix, plusieurs sons, plusieurs mélodies joués ensemble", poursuit-il.

"Troisième révolution : c'est à Notre-Dame que naît l’Université. Les premiers cours ont lieu dans le couvent de l'édifice; en 1258, le chanoine de la cathédrale, un certain Robert de Sorbon, trouve un autre lieu pour enseigner hors des murs et pour accueillir des étudiants pauvres et les former à la théologie, la grammaire et la musique. Il fonde La Sorbonne, à côté de Notre-Dame de Paris".

 GLOBE ÉCHOS

derniers tweets