Macron accueille Xi à Paris pour travailler à "un nouvel ordre international

GLOBE ÉCHOS | 25/03/19 19:02

Le président chinois Xi Jinping a été accueilli lundi sous l'Arc de triomphe à Paris par Emmanuel Macron, qui espère le convaincre d'adhérer de manière coordonnée avec les Européens à un "nouvel ordre international", tâche délicate au vu des ambitions diplomatico-commerciales de Pékin et de la division du vieux continent.

Sous un beau soleil printanier, les deux dirigeants se sont recueillis, en compagnie de leurs épouses Peng Liyuan et Brigitte Macron, devant la tombe du soldat inconnu, un peu plus d'un siècle après la fin de la Première mondiale à laquelle avaient participé quelque 140.000 travailleurs chinois en France.

Xi Jinping devait ensuite s'entretenir avec Emmanuel Macron des nombreux enjeux internationaux et bilatéraux, avec au menu la signature d'accords de coopération et de contrats commerciaux de quelque "milliards d'euros", selon l'Elysée. L'incertitude persiste sur la finalisation d'une méga-commande de 184 moyen-courriers A320 d'Airbus, destinés à 13 compagnies chinoises, qu'Emmanuel Macron avait annoncée lors de sa visite à Pékin en janvier 2018.

Les deux chefs d'Etat s'exprimeront devant la presse en fin d'après-midi avant un dîner d'Etat avec 200 invités, dont les acteurs Alain Delon, Gong Li ou Hélène Rolles, populaire en Chine pour son rôle dans le feuilleton des années 1990 "Hélène et les garçons".

- Avec Merkel et Juncker -

Ils se retrouveront mardi matin à l'Elysée, où ils seront rejoints par la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Car Emmanuel Macron souhaite un "réveil européen" face à Pékin.

Gouvernance mondiale, règles commerciales, respect de l'environnement, investissements... Le titan chinois est en effet en train de changer la face du monde en investissant massivement un peu partout, notamment dans ses "nouvelles routes de la soie".

Le président français ambitionne que cette réunion inédite à quatre permette de travailler "à une définition en commun d'un nouvel ordre international", a-t-il dit dans un entretien publié lundi par Nice-Matin. Afin notamment de recomposer "un nouveau multilatéralisme", aujourd'hui malmené, notamment par le président américain Donald Trump.

Mais l'Union européenne, gigantesque et appétissant marché, n'a pas de ligne politique claire face à Pékin et certains pays ont déjà commencé à céder aux sirènes chinoises.

Depuis plusieurs années déjà, Pékin travaille au corps les pays d'Europe centrale, dans le cadre du format 16+1. La Chine a aussi investi dans plusieurs actifs stratégiques de pays membres, comme le port du Pirée en Grèce, ou le fournisseur historique d'électricité portugais.

La Chine a "un projet politique de fracturation de l'Union européenne", a dénoncé lundi la tête de liste écologiste française aux élections européennes, Yannick Jadot. "La Chine ne parle jamais à l'Union européenne", mais "aux dirigeants européens" individuellement, "et elle achète systématiquement la complaisance des dirigeants européens".

- "Rival" -

Pékin continue de monter en puissance et vient de faire adhérer un pays fondateur de l'Union, l'Italie, à son projet d'infrastructures maritimes et terrestres des "nouvelles routes de la soie". Le gouvernement italien a signé vendredi des accords qui prévoient par exemple des investissements chinois dans les ports de Gênes et Trieste.

"Dans un monde avec des géants comme la Chine, la Russie ou nos partenaires comme les Etats-Unis, nous ne pouvons survivre que si nous sommes unis en tant qu'Union européenne", a prévenu le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas dans le journal dominical Welt am Sonntag, mettant en garde "certains pays" qui penseraient "faire de bonnes affaires avec les Chinois" mais qui deviendront "dépendants".

Emmanuel Macron avait appelé jeudi à "une prise de conscience et la défense d'une souveraineté européenne" face à Pékin.

Mais le président français veut parallèlement cultiver des liens étroits avec la Chine, où il entend se rendre une fois par an. Il a choyé dimanche son homologue au cours d'un dîner privé sur la Riviera.

Emmanuel Macron entend notamment faire de Pékin un allié dans la lutte contre le réchauffement et dans la culture, avec la confirmation de l'ouverture d'un Centre Pompidou d'art contemporain à Shanghai en novembre.

Outre l'aéronautique, Paris attend des avancées sur le plan agricole avec la levée de l'embargo sur la volaille après celui sur la viande de boeuf l'an dernier.

A l'occasion de cette visite, une vaste zone de sécurité a été instaurée dans le secteur de l'Elysée, au lendemain du rassemblement d'un millier de manifestants pro-tibétains réclamant une reprise du dialogue entre le Dalaï Lama et Xi Jinping. Trois autres rassemblements d'opposants sont prévus à Paris lundi.

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