Trump veut que la justice traque la taupe de la Maison Blanche
GLOBE ÉCHOS | 08/09/18 00:06
Donald Trump ne décolère pas après les révélations sur un prétendu chaos à la Maison Blanche: il souhaite désormais que la justice enquête sur le haut responsable qui, dans une tribune anonyme, a dénoncé son incompétence.
Le président américain vient de subir un double affront avec la publication à 24 heures d'intervalle de ce texte assassin et celle d'extraits d'un livre tout aussi dévastateur du célèbre journaliste Bob Woodward, à l'origine de l'affaire du Watergate qui a fait tomber Richard Nixon.
Tous deux décrivent un homme incapable de saisir les enjeux de la présidence et que ses collaborateurs tentent de contourner pour éviter un désastre.
Le ministre de la Justice Jeff Sessions devrait enquêter pour découvrir "qui est l'auteur de cette tribune, parce que je crois vraiment que c'est une question de sécurité nationale", a lancé le président républicain à bord d'Air Force One lors d'un déplacement entre le Montana et le Dakota du Nord.
Le New York Times a immédiatement réagi en affirmant qu'une telle enquête serait "un abus de pouvoir". Et estimé que "les menaces du président" démontraient l'importance d'une presse libre et indépendante pour la bonne santé de la démocratie américaine.
Quelques heures plus tôt, dans un tweet matinal, c'est au livre de Bob Woodward que Donald Trump s'en était pris, le qualifiant d'"escroquerie".
"Je ne parle pas de la façon dont je suis cité. Si c'était le cas, je n'aurais pas été élu président", a tempêté le président américain, accusant le journaliste d'utiliser tous les moyens possibles pour "dénigrer et rabaisser".
La question de la véracité des citations rapportées par ce dernier est évidemment un débat crucial pour évaluer la crédibilité de l'ouvrage.
Or, sur ce thème, Donald Trump a été pris à défaut sur un exemple concret.
En début de semaine, il assurait ainsi n'avoir jamais qualifié, comme le soutient le livre, son ministre de la Justice Jeff Sessions, de "retardé" et d'"abruti du Sud".
Il ajoutait, à l'appui de sa démonstration, n'avoir jamais utilisé le mot "retardé" à l'encontre de qui que ce soit.
Mais plusieurs enregistrements ont rapidement refait surface montrant qu'il avait en réalité prononcé le vocable à plusieurs reprises par le passé, en particulier pour décrire un journaliste qui avait émis des doutes sur ses talents d'homme d'affaires.
La crise dans laquelle est plongée la Maison Blanche inquiète les républicains à l'approche des élections législatives de novembre dans lesquelles ils redoutent de perdre la majorité à la Chambre des représentants.
Conscient des enjeux, Donald Trump multiplie les déplacements sur le terrain, même si l'impact de sa montée en première ligne peut être à double tranchant.
"Ce serait un bon scoop!"
Jeudi soir, à Billings, dans le Montana, il a lui-même évoqué la question de son éventuelle destitution ("impeachment"), pour tenter de galvaniser sa base électorale à l'approche du scrutin.
"Ils aiment utiliser le mot destitution", a-t-il ironisé, alors même que ses adversaires démocrates restent très prudents sur ce thème sachant que l'argument peut être contre-productif.
"Comment pouvez-vous réclamer la destitution de quelqu'un qui fait un excellent boulot, qui n'a rien fait de mal? Notre économie est bonne".
Les chiffres publiés vendredi matin devraient, à cet égard, lui donner de quoi se réjouir. L'économie américaine a continué à embaucher fortement en août, dépassant les attentes des analystes, le taux de chômage se maintenant à 3,9%.
Pour l'heure, le mystère qui entoure le "haut responsable de l'administration" qui a rédigé la tribune anonyme publiée dans le New York Times reste entier.
"Je fais partie de la résistance au sein de l'administration Trump", y affirme cet homme ou cette femme.
Le style, la référence à tel événement ou tel individu: le moindre indice est décortiqué pour tenter de l'identifier.
Selon le New York Times, la Maison Blanche a établi une liste de 12 suspects potentiels tandis que dans un étonnant ballet, ministres, conseillers et proches du président se sont succédé dans les médias pour nier en être l'auteur.
L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Nikki Haley, a déploré la méthode utilisée. "Quand je suis en désaccord avec le président, je le lui dit directement", a-t-elle assuré. "Mon collègue anonyme aurait dû en faire autant".
Fait notable: Donald Trump, qui ne rate jamais une occasion de dénoncer le travail des journalistes régulièrement qualifiés d'"ennemis du peuple", a encouragé ces derniers à redoubler d'efforts pour percer le mystère.
"Ce serait un bon scoop!", a-t-il lâché.
Globe Échos avec AFP
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