Haïti : mouvement pour dénoncer la dilapidation des fonds petrocaribe

GLOBE ÉCHOS | 04/09/18 18:02

Le cinéaste Gilbert Mirambeau, qui, le 14 août dernier, a lancé l’hashtag #petrocaribechallenge, un vaste mouvement baptisé Petrochallenge est déclenché sur les réseaux sociaux dans le but de dénoncer la dilapidation des fonds petrocaribe, qui sera repris par le très engagé rappeur Valckensy Dessin, K-libr, pour ensuite se propager à pleine vitesse sur les réseaux tels Facebook, Twitter, Instagram et WhatsApp.

Devant les locaux de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA), à Port-au-Prince, le 24 août dernier, certains manifestants, vêtus de leur t-shirt confectionné pour la circonstance, avaient profité pour brandir leur pancarte se questionnant sur la gestion dudit fonds. Toutes catégories sociales y étaient : étudiants, professeurs, chanteurs et même les passifs étaient de la partie. Lors de ce sit-in, des leaders politiques dont l'ancien candidat a la présidence Ecric Jean Baptiste, ont été pourchassé dès leur arrivée à l’avenue Christophe.

Au-delà des messages, slogans et chants allant dans le sens de réclamer la reddition des comptes concernant Petrocaribe, ces nombreux jeunes ont prouvé qu'ils se sentaient hautement concernés par les sujets importants. Malgré cette foule, des jeunes se sont portés volontaires pour nettoyer les alentours des lieux du sit-in, en collectant les sachets et produits en plastique : une action civique qui a attiré l'attention de plus d'un.

Moins de 72 heures après le sit-in pour exiger une justice équitable sur ce dossier, les billboards sauf celui en face de la rue Chavannes, et les banderoles mentionnant «Kot kòb Petro caribe a » ont disparu dans les rues. Selon les témoignages recueillis, ce seraient des hommes circulant dans un pickup qui les ont enlevés. « C'est une opportunité de montrer les gens qui lancent ce mouvement, qu'ils ont fait un grand pas.» relate un étudiant de la Faculté d'ethnologie, voulant cacher son nom. « En quoi ces affiches dérangent les autorités étatiques s'elles ne sont pas coupables et corrompues » ajoute-t-il.

Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on a remarqué des hommes, effectivement derrière un pickup, qui ôtent une banderole dans une rue. Cependant, les haïtiens n'ont pas chômé, des tags ont pris le relais sur les murs de Port-au-Prince. Et, d'autres villes ont lancé leur part dans cette affaire, telles que Petit-Goâve, Gonaïves, Cap-Haïtien etc. Sans oublier, les haïtiens de Montréal le 1er septembre.

Le lendemain, dimanche 02 septembre à Port-au-Prince, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à l’appel de plusieurs organisations qui demandent « des comptes rendus sur la gestion des fonds du PetroCaribe». Partant du carrefour de la Renaissance pour aboutir au Champ-de-Mars, aucun blessé n’est à signaler, le défilé a eu lieu sous une importante mobilisation policière.

Pour Julie Célestin, étudiante en agronomie, « la vie est dure en Haïti, dit-elle à haute voix. Nos dirigeants sont des voleurs. Nous voulons une justice équitable pour les juger. Nous n'abandonnerons pas en si bon chemin ».

Snayder Pierre Louis, correspondant Globe Échos en Haïti

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