De Wall Street aux feux de Californie, un ex-courtier français affronte les flammes
GLOBE ÉCHOS | 10/08/18 22:18
Après quinze années à Wall Street, François Cazalot a troqué son costume cravate new-yorkais pour l'uniforme jaune des soldats du feu et combat désormais les gigantesques incendies qui ravagent le nord de la Californie.
Le Français est l'un des milliers de pompiers luttant contre les feux dévastateurs en cours dans cet Etat de l'ouest américain. Des brasiers qui ont ôté la vie à neuf personnes depuis environ un mois et détruit des dizaines de milliers d'hectares.
"J’étais fatigué de cette carrière", se remémore-t-il de sa vie à Wall Street. "Je voulais faire quelque chose d’intéressant, donc j’ai déménagé près de la Californie il y a 2 ans et cela fait 2 ans que je fais ça".
De la finance à la lutte contre les flammes, son métier actuel est à mille lieux de ses années passées à New York, comme courtier, puis gestionnaire de produits dérivés de taux d'intérêt.
Si le quadragénaire n'est encore qu'un jeune soldat du feu, François Cazalot, crâne rasé, épaisse moustache et veste jaune assombrie par les cendres sur les épaules, a déjà beaucoup d'expérience.
"Pour une courte carrière, j’ai fait beaucoup de feux. J’en ai fait cinq ou six l’an dernier qui étaient assez grands, notamment le troisième feu en taille", confie-t-il à l'AFP au cours d'une courte pause, ajoutant qu'il avait été déployé dans tous les coins de la Californie.
A la lutte contre le "Mendocino Complex" --brasier composé de deux foyers mitoyens--, qui a déjà ravagé plus de 122.000 hectares, François Cazalot et ses collègues font face à de nombreux défis.
"Il y a le côté physique évidemment, parce que les journées peuvent être très longues", raconte-t-il. "Quand on fait un +24h+, on travaille vraiment 24h sans dormir, donc cela veut dire déshydratation, faim".
Et le pompier d'ajouter: "Il y a les challenges psychologiques, ça peut être très difficile, ça peut être stressant, on se retrouve dans des situations qui sont assez délicates avec le feu qui s’approche, les gens peuvent être impressionnés, apeurés".
Un feu "vraiment agressif"
Quelque 14.000 pompiers sont mobilisés à travers la Californie, y compris des renforts venus d'Australie et de Nouvelle-Zélande, déployés sur les différents brasiers.
Des camions rouges, jaunes et verts sont garés côte à côte, sur un poste de contrôle à Ukiah, dans le comté de Mendocino, où le plus vaste incendie de l'histoire récente de l'Etat, le "Mendocino Complex", continue de sévir.
En plein jour, un petit point orange perce tout de même dans cette atmosphère grisonnante, où la fumée assombrit toute la région.
Quand ces véhicules ne se trouvent pas sur le front des incendies, on en profite pour les entretenir: les vitres sont nettoyées, les niveaux vérifiés, l'équipement répertorié, les tuyaux enroulés.
Tout doit être parfait avant d'aller combattre ces flammes féroces, alimentées par des températures élevées, une faible humidité et des vents forts.
Bennet Milloy s'apprête à retourner au front.
Le feu "est vraiment agressif et c'est réellement difficile de le contenir derrière les lignes de confinement", confie ce pompier.
Sécurité
Une réunion avec l'équipe est organisée chaque jour pour discuter de la situation.
Dans une tente blanche surmontée d'un drapeau américain, un responsable, à l'aide d'un plan, donne des consignes.
"Le but de la réunion est d'abord la sécurité. On veut que nos pompiers connaissent les conditions dans lesquelles ils vont se retrouver quand ils se rendent sur place", souligne Kevin Sweeney, un porte-parole de Cal Fire, le service des pompiers californien.
"Il faut également avoir une bonne connaissance de ce que la météo peut réserver pour la journée. Il s'agit donc vraiment d'informer nos pompiers, de les garder en sécurité", ajoute-t-il.
Assez novice dans l'exercice, François Cazalot affirme déjà remarquer qu'il y a "beaucoup" de feux. "On en voit de plus en plus", souligne-t-il.
Le pompier évoque également les protocoles établis par l'autorité californienne pour combattre ces incendies de plus en plus gros chaque année.
"Cal Fire est bien organisé, donc si on fait attention à soi, si on respecte les procédures en général, on travaille de manière assez prudente", assure-il.
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