Le PDG de la chaîne américaine CBS accusé de harcèlement par plusieurs femmes

GLOBE ÉCHOS | 29/07/18 15:09

Le PDG de la chaîne américaine CBS, Leslie Moonves, est accusé de harcèlement sexuel par six femmes, dont les témoignages ont été publiés vendredi par le magazine The New Yorker. Des faits présumés qui se seraient déroulés sur plusieurs décennies.

Parmi les six victimes présumées, quatre racontent que cet ancien acteur les aurait touchées ou embrassées de force. Trois d'entre elles ont témoigné à visage découvert.

Les accusations les plus anciennes remontent au milieu des années 1980, une époque ou Leslie Moonves n'avait pas encore rejoint CBS, qu'il a intégrée en 1995. Les allégations les plus récentes datent du début des années 2000.

Plusieurs victimes présumées affirment aussi avoir été menacées par le dirigeant après qu'elles aient refusé ses avances et avoir été sanctionnées professionnellement.

Dans une déclaration transmise à l'AFP par CBS, le dirigeant de 68 ans, l'une des figures les plus incontournables de la télévision américaine, a reconnu avoir fait "il y a plusieurs décennies" des avances, qu'il "regrette immensément", à des femmes, mais estime ne s'être jamais livré à du harcèlement sexuel.

"J'ai toujours compris et respecté le fait que +non+ voulait dire +non+, et je me suis tenu à ce principe", a-t-il ajouté. "Je n'ai jamais utilisé ma position pour causer du tort à la carrière de quelqu'un ou l'entraver."

Culture du laisser-faire 

Au-delà du cas personnel de Leslie Moonves, l'article du New Yorker affirme qu'il existait au sein de CBS une culture du laisser-faire, qui favorisait le harcèlement sexuel.

Il cite d'autres cas, notamment celui du présentateur vedette Charlie Rose, débarqué en novembre dernier après que huit femmes l'ont accusé de harcèlement, voire d'attouchements.

Dans une déclaration transmise à l'AFP, la chaîne a estimé que l'image qui était donnée d'elle dans l'article n'était pas fidèle à la réalité, celle d'une société, selon elle, qui "traite ses dizaines de milliers d'employés avec dignité et respect".

L'auteur de l'article, Ronan Farrow, fils de Woody Allen et Mia Farrow, a reçu au printemps un prix Pulitzer pour ses révélations sur le producteur de cinéma Harvey Weinstein, qui contenaient les premiers témoignages l'accusant de viol.

Début mai, il a fait tomber le puissant procureur de l'Etat de New York, Eric Schneiderman, en publiant le témoignage de quatre femmes l'accusant de violences et de menaces.

L'action CBS a décroché après la publication d'un article du Hollywood Reporter annonçant celui du New Yorker. Le titre a perdu 6,12% sur la séance à la Bourse de New York.

Fait rarissime, avant même la parution de l'article, CBS a publié un communiqué annonçant qu'une enquête interne avait été ouverte et qu'elle serait dirigée par les administrateurs indépendants.

"Une fois que sera terminée cette enquête (...), le conseil d'administration étudiera ses conclusions et prendra les actions nécessaires", ont indiqué les administrateurs indépendants.

Depuis les révélations sur Harvey Weinstein, aujourd'hui inculpé, les affaires de comportements déplacés, d'agressions sexuelles, de harcèlement ou de viol se sont multipliées.

Elles ont notamment touché les milieux des médias, du sport et de la politique. La parole des victimes s'est libérée et les témoignages s'accumulent contre des hommes célèbres, accusés d'abuser de leur pouvoir auprès des femmes.

Leslie Moonves est une légende de la télévision, qui est parvenu à redresser la chaine CBS, en grande difficulté durant les années 1990, et à en faire la chaîne américaine la plus regardée de la dernière décennie.

Arrivé en 1995 au sein du groupe, puis promu à sa tête en 2003, il a lancé plusieurs programmes devenus d'immenses succès, comme "The Big Bang Theory", la famille des "CSI" (Les Experts) ou encore "Survivor".

Leslie Moonves est engagé avec la famille Redstone, actionnaire majoritaire de CBS, dans une bataille pour l'avenir de la chaîne, que les Redstone souhaitent fusionner avec le groupe de médias Viacom, contre son avis.

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